samedi 13 octobre 2012

Julius Koller, Grzegorz Drozd, Tomas Vanek

Grzgorz Drozd, Marikaban, 2012.

(I'm sorry for English language people, but translation needs time. It's coming as soon as possible)

Pas de nouvelle depuis le 15 septembre et pourtant beaucoup d’événements. Les rencontres avec les artistes, les curators et les critiques se poursuivent à un rythme soutenu, me laissant peu de temps pour l’écriture, encore moins pour la traduction. D’autres posts me permettront de revenir sur certaines des personnalités rencontrées à Prague et à Bratislava.

Plusieurs expositions ont retenu mon attention. Tout d’abord la présentation d’une partie des archives de l’artiste slovaque Julius Koller (1939-2007) à Tranzit Prague, réalisée par l’historien de l’art et curator Tomas Pospiszyl. La moitié des archives de l’artiste est conservée à la Galerie Nationale de Brastislava, l’autre moitié par une association d’amis de l’artiste. Cette dernière est présentée à Prague selon un principe simple de boîtes conservant les ensembles que l’artiste avait constitués. Histoire de l’art, Archéologie, Histoire de la Science-Fiction, Illustration d’enfants, etc., posées sur des étagères entourant une table de consultation. Le commissaire de l’exposition ou son assistant manipule un ensemble très hétérogène de documents jaunis. L’intérêt est que ces documents conservent toute leur ambiguïté quant à leur statut de document de travail ou d’œuvre. Nul ne peut s’avancer sans trahir l’œuvre même de cet artiste, et on sent avec ces documents combien il a tenté de penser l’art au cœur de la vie et non dans un espace adjacent. Ce qui me paraît le plus remarquable, est précisément cette manière de se porter vers des sujets qui n’ont rien de politique, et que, par cette attitude, il redonnait force et puissance à ces sujets. Cela apparaît comme une forme de fausse naïveté qui ré-enchante le monde. Et quand on se souvient du contexte, on se rend compte de la force de subversion qu’il a fallu à cet homme pour surmonter le système politique en place qui régissait tout jusqu’à l’art. (http://cz.tranzit.org/en/exhibition/0/2012-09-11/jlius-koler-archive-study-room)

Une autre exposition, elle aussi modeste par son ampleur mais très percutante par sa mise en œuvre et son propos, est celle de Grzegorz Drozd à ETC Galerie, lieu à vocation non commerciale. Grzegorz Drozd revient de plusieurs mois aux Philippines et plus particulièrement du village de Marikaban. Loin de l’art occidental, il a cherché une nouvelle approche qui lui permette de continuer son travail critique de l’institution, au double sens de l’institution comme structure de présentation et comme système de production. Il revient avec un certain nombre d’objets produits en collaboration avec le shaman du village, et qui ont un pouvoir magique. Tout l’intérêt de cette « exposition » est de créer un véritable hiatus entre l’œuvre d’art fétiche telle qu’elle fonctionne dans notre société occidentale et l’objet au pouvoir magique (les Aswangs) tel qu’il est vécu dans cette tribu des Philippines. Un œuvre d’art peut-elle posséder ces deux caractères ? Doit-on réintroduire de la magie dans l’art pour se déposséder du fétichisme ? Au delà de ces questions que certains trouveront folkloriques, il s’agit bien d’interroger ce que nous produisons comme art et ce que nous souhaitons faire de cet art. Des questions qui me paraissent fondamentales : que voulons-nous faire ? (http://etcgalerie.cz/grzegorz-drozd-1409-7102012/637/)

Le troisième projet dont je souhaitais rendre compte est une intervention et une exposition de Tomas Vanek. L’une et l’autre n’ont pas de rapport si ce n’est l’artiste et la manière dont il se glisse dans la réalité d’espaces précis. L’intervention a lieu au rez-de-chaussée d’un immeuble couvert de graffiti. Son jumeau d’à côté a, lui, été nettoyé par les services de la ville. Une association a pris les choses en main, rénové le hall et l’a transformé en une galerie d’art dont l’objectif n’est pas seulement de montrer des œuvres mais œuvrer à la promotion des relations de bon voisinage. Loin d’être une utilisation purement sociale de l’art – mais doit-on s’excuser de considérer que l’art possède réellement une valeur sociale ? – l’intervention de Tomas Vanek a consisté à peindre l’extérieur du rez-de-chaussée à la bombe et au pochoir, répétant un motif de carrelage rectangulaire noir des plus basiques. Ainsi les graffiti ne disparaissent pas totalement mais sont atténués par leurs propres armes et par un geste pictural des plus simples et des plus modernes. L’utilisation de la bombe comme du pochoir est un acte fondamental de la pratique de l’artiste, une manière pour lui de continuer la peinture en lui retirant tous les oripeaux des académismes successifs, pour aller à l’essentiel, couleur et espace. Car l’exposition présentée à Futura-Karlin Studios propose une série de cahiers de dessin  utilisés dans toutes les écoles, où Tomas Vanek à peint, selon le même principe, des motifs qui se déploient tout au long des pages. Flèches, motif de planches, punaises, illusion de classeur… toujours un motif unique qui déroule sa forme et surtout le détournement de son utilisation tout au long de l’espace même du cahier. Présentés dans un espace consacré au seul dessin (son nom est Karton) créé par des étudiants de l’Académie des Beaux-Arts où T. Vanek est professeur, ces cahiers sont comme des exercices mais avec un impact visuel aussi fort que ses « Particips », installations qui jouent sur le contexte même de l’exposition en considérant l’art à partir des petites choses de la vie.(http://www.particip.tv/)


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