samedi 15 septembre 2012

Dusan Zahoransky et Jan Pfeiffer

Dusan Zahoransky






Dusan Zahoransky
Les vernissages de rentrée ont commencé la semaine dernière à Prague et continuent encore cette semaine. Ils ont été marqués jeudi 6 septembre par l’ouverture de l’exposition Startpoint Prize réunissant de jeunes diplômés européens. Je reviendrai plus tard sur cette exposition. 

Je voudrais m’arrêter tout d’abord sur le travail de Dusan Zahoransky, artiste et curator : il présente à l’Institut Slovaque de Prague une série de pièces sur le rapport du langage à l’objet, lesquelles jouent de la typographie, de leur combinaison formelle plus ou moins lisible comme de leur matérialité (métal ou bois).

L’exposition intitulée Circle, rend hommage au Cercle Linguistique de Prague, groupe de critiques littéraires et de linguistes actif entre 1928 et 1939 dont l’influence fut considérable en particulier en développant une analyse structuraliste. L’un de ses plus éminents membres ne fut autre que Roman Jakobson dont on connaît l’influence qu’il eût sur la pensée de Claude Lévi-Strauss.

L’exposition rend compte de ce lien par une approche non verbale du langage, qui met en évidence tout l’aspect anthropologique qui accompagne l’activité du langage. C’est sans doute la raison de la participation dans l’exposition de cinq jeunes artistes et graphistes qui sont engagés dans une recherche plastique autour du langage : chacun d’eux présente un ouvrage, d’un faux essai scientifique qui souligne le caractère poétique du langage mathématique (Jan Jachim), à une forme de docu-fiction (Ales Cermak), d’un journal de manipulation poétique des amants de l’artiste (Michaela Daskova) à l’analyse des formes diverses de l’image contemporaine dont nous sommes tous acteurs et observateurs (Magda Stanova), jusqu’aux expérimentations typographiques et graphiques low cost détournant les outils informatiques (Jan Broz).


Jan Pfeiffer
L’exposition est organisée dans une minuscule galerie – Galerie Jeleni – constituée de deux petites pièces donnant sur une arrière-cour herbeuse. Deux pièces sont montrées. La première est une vidéo dans laquelle un homme marche le long d’un trottoir bordé d’arbres taillés en cube. L’homme avance sans s’arrêter alors même que les hauteurs de tailles ne sont pas les mêmes et que sa tête traversent la végétation en un bruissement caractéristique. Rien n’arrête la marche de l’homme. En arrière, sur le mur, un dessin au trait hermétique d’arches successives qui plongent dans ce qui représente un sol, se transformant en racines d’arbre ou en flamme selon l’humeur ; au premier plan un escalier en paliers souligne la signification symbolique de l’installation sur le mouvement de la vie. Par chance, ce qui aurait pu être pompeux ou didactique, ce trouve emporté par un jeu d’esprit, un trait d’humour, qui est cet homme dont la tête s’enfonce à intervalle régulier dans le couvert des arbres.

À côté une autre installation composée d’une pierre en papier mâché prise dans un mur immaculé, illustré sur toute sa surface de monuments antiques du Moyen-Orient. Derrière ce mur une vidéo montrant un homme dans une cavité aux contours réguliers, faisant de grand signes de ses bras. C’est une chorégraphie de Rudolf Steiner que l’artiste a rendu plus raide et sec comme un code. Réalisée comme la précédente vidéo lors d’une résidence à Ramallah, cette vidéo traite aussi avec un certain trait d’esprit le rapport au passé et le rapport au corps. La chorégraphie perd de son sens pour ne devenir qu’une forme de code morse, comme les ruines ne sont plus que des souvenirs fanés. Mais tout cela est fait avec une certaine légèreté qui donne aux deux installations une grande puissance au delà de leurs qualités plastiques. 

(english version is coming)

jeudi 6 septembre 2012

Závíslí Pozorovatelé / Dependent Observers

Karlin Studio

Video still Jan Pfeiffer (Prevision III)



Futura est une association dont l’objectif est de promouvoir l’art contemporain en République Tchèque. Elle dispose de plusieurs lieux d’expositions ainsi que d’un nombre important d’ateliers d’artiste. Hier s’ouvrait une exposition à Karlin Studio, l’un des quatre espaces dont elle dispose ( http://www.futuraproject.cz/en/ ). Deux jeunes curatrices, Zuzana Stefkova et Klara Zaludova, présentaient une exposition de groupe autour de la relation entre l’observateur et l’objet observé. Des six artistes réunis, je retiens principalement le travail vidéo de Jan Pfeiffer, « Prevision I-III » (2009) : une série de 3 vidéos très différentes les unes des autres mais dont le point commun est la prévision d’un devenir. Dans la première, la caméra glisse et s’arrête sur les détails de l’image, objets (plantes, voiture …) ou personnes, alors qu’une voix d’expert les décrit et établit une estimation de leur futur ; la seconde est une magnifique confrontation entre l’artiste préparant dans son studio praguois une visite calculée au pas près de Singapour et la visite réelle, superposant projection et réalité ; la dernière est la prévision immédiate que donne l’artiste dans son environnement urbain, de l’arrivée d’une jeune femme au coin d’un immeuble à la réaction d’un pigeon. La froideur que l’on peut ressentir au départ face à ces observations et à ces prévisions se transforme assez vite en un jeu plein l’humour né de cette confrontation à la réalité d’un devenir qui est autre que ce qui est annoncé.  Le site de l'artiste : http://janpfeiffer.info/

Futura is an association whose aim is to promote contemporary art in the Czech Republic. It has several exhibition places and a large number of artist’s studios. Yesterday opened an exhibition at Studio Karlin, one of the four places it have (http://www.futuraproject.cz/en/). Two young curators, Zuzana Stefkova and Klara Zaludova, curate a group show about the relationship between the observer and the observed objects. Among the six artists gathered, I remark mostly the video work by Jan Pfeiffer, "Prevision I-III" (2009): a series of 3 very different videos but have in common point the prediction of a future. In the first, the camera glides and stops on the details of the image objects (plants, car ...) or people, while an expert voice describes and provides an estimate of their future; the second one is a magnificent confrontation between the artist in his Praguestudio preparing a visit step by step of Singapore, and the real visit of the state city, superimposed projection and reality; the last one is the immediate prevision that gives the artist in his urban environment, the arrival of a young woman in the corner of a building or the reaction of a pigeon. Face the observations and previsions, the coldness we can feel turns in a game full of humor because of this confrontation with the reality of a becoming different from what is announced. The artist's website : http://janpfeiffer.info/

mardi 4 septembre 2012

Hungarian artists : Jozsef Tamas Balazs and Tamas Szvet

View to the Mozart Museum Park from the appartment.


Samedi était la journée relais entre les résidents. À peine arrivé, tous les résidents étaient donc invités à fêter le départ de deux artistes hongrois, Jozsef Tamas Balazs (http://www.bajota.com/) et Tamas Szvet (http://szvet.blogspot.cz/). Je regrette de ne pas avoir pu voir leur travail, d’autant que nos échanges ont été très riches sur la situation artistique en Hongrie. Nous avons parlé de la situation politique hongroise qui mériterait vraiment que nous nous inquiétions pour nos libertés. L’Europe est bien évidemment une réalité politique tangible pour ces artistes, même sans l’euro, mais une réalité qui s’avère parfois très flexible dans les faits… L'Europe de la Pensée est une réalité, bien plus que l'Europe financière.

Saturday was the relay day between residents. Upon our arrival, all residents were invited to celebrate the departure of two Hungarian artists, Jozsef Tamas Balazs (http://www.bajota.com/) and Tamas Szvet (http://szvet.blogspot.cz/). I regret to have not been able to see their work, as well as our discussions were very rich on the artistic situation in Hungary. We talked about the Hungarian political situation that needs we care really about our freedoms. Europe is obviously a tangible political reality for these artists, even without the euro, but a reality that is sometimes very flexible in practice ... Europe of the Thought is a realty, rather than financial Europe. 

lundi 3 septembre 2012

Résidence Praha-Paris



(english below)
Premiers jours à Prague depuis samedi 1er septembre. L'Institut Français et Meetfactory m'ont invité pour une résidence de commissariat du 1er septembre au 31 octobre. Sur ma table de travail, deux projets : finaliser l'exposition "Les Ruines Circulaires" pour la Klatovy Galerie à Klenova (République Tchèque), l'été 2013, et imaginer une exposition sur la scène tchèque contemporaine. Les conditions de travail sont idéales avec un studio /bureau de plus de 25m2 et un appartement que je partage avec l'artiste Marcel Mieth. La vue et le rythme des trains et des tramways sont idéales pour travailler.




First days in Prague from arriving Saturday 1st September. The French Institute and Meetfactory invited me for a curatorial residency from September 1rst to October 31rst. On my desk, two projects: finalizing the exhibition "The Circular Ruins" for the Klatovy Galerie, Klenova (Czech Republic), presenting on next summer 2013, and imagining an exhibition about the contemporary Czech art scene. Working conditions are ideal with studio / office over 25m2 and an apartment that I shared with the artist Marcel Mieth. The view and the pace of trains and trams are ideal for work.