mardi 22 septembre 2009

Marie Cool & Fabio Balducci

Du 15 septembre au 10 octobre 2009
Galerie Serge Le Borgne

www.sergeleborgne.com

Il est des moments rares où l’essence des choses se dévoile, où tout devient clair et limpide. La simplicité d’un geste, d’un mouvement lié à son intensité donne à l’installation « Sans titre » datée de 2003 de ce duo franco-italien une résonnance particulière dans cette période d’interrogation sur le sens de nos sociétés. Si l’on repense à certaines pointures des années 1970 (Franz Erhard Walther, Niele Toroni, Stanley Brouwn : je cite ici les références du très excellent texte de Pierre Bal-Blanc pour l’exposition), l’on sent bien dans cette installation performance une actualité. Je ne parle pas seulement des noms que Pierre Bal-Blanc convoque dans son texte (Santiago Sierra, Prinz Gholam, Vigier & Apertet, François Laroche-Valière) mais d’une actualité qui est celle de donner du sens à notre monde - il ne s’agit pas de le retrouver comme si nous l’avions perdu, mais bien de construire un être ensemble au delà de l’homme. Le travail de Marie Cool & Fabio Balducci est celui du lien de l’homme à la matière, de l’homme à ses objets, sans doute de l’homme à son environnement au sens large. La force de l’œuvre qu’ils nous proposent est, comme l’ensemble de leur travail, de nous obliger à repositionner notre regard, de nous réapprendre à regarder. Vous me direz que tous les artistes ont cette même volonté ! Certes, mais la singularité de ce duo est d’engager le corps entier, celui d’un des deux artistes, d’engager l’absence du second, d’engager celui du spectateur face à la répétition du même geste, de penser le regard non comme un acte biologique évident, mais comme une construction sociale structurée par « le caractère fini des choses » (1) . Cette œuvre nous libère – ou peut nous y aider – du carcan social imposé à notre environnement, à notre corps. Regarder avec un corps neuf le monde dans sa vérité nue. Nul n’est besoin d’ajouter qu’en fin d’après-midi, dans la lumière dorée des verrières de la galerie, cette œuvre prend tout son sens.

(1) Pierre Bal-Blanc, « La révolte de la matière et l’insurrection des formes », dossier de presse de l’exposition.

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