Photo : ©Patricia Canino |
Madame,
C’était le dernier weekend de juin 1990. Ma mission était d’accompagner
un groupe de moines tibétains venus bénir le nouveau capcMusée de Bordeaux. Vous
veniez de signer pour la seconde fois l’aménagement intérieur du musée. Un
matin de ce weekend de fêtes, Jean-Louis Froment découvrit un jeune chat gris, perdu
sur les terrasses au milieu des deux Richard Long, l’un blanc, l’autre noir. Manifestement, ce chat (ré)incarnait l’esprit du lieu que vous aviez redessiné. Il vous l’offrit. À
cette surprise, vous n’étiez que joie.
J’ai vécu dix ans dans vos espaces, au milieu de vos meubles
– ceux réinterprétés de Robert Mallet Stevens comme ceux que vous aviez imaginés
– bercé par cet éventail sans limite de gris. Ils étaient droits, orthogonaux,
rigoureux, fonctionnels, et au milieu s’ouvrait une oasis de courbes, de bois
et de sisal, de grillage à poules et de bâches plastiques blanches. La lumière
y pénétrait de tous ses rayons et donnait à ces matériaux, nobles ou triviaux, la
beauté d’un ailleurs tout autant que d’un mystère. C’est là que je venais rêver.
Andrée, je vous remercie pour tous ces voyages que vous nous
avez offerts. Inutile de vous dire que nous sommes tous tristes de votre départ. Mais
je vous souhaite bon chemin…
« Und ruh’ in einem stillen Gebiet »
Jean-Marc Avrilla
PS : cette photographie de l’atrium est le vis-à-vis du
portrait de Harald Szeemann dans le livre capcMusée
édité aux Éditions du Regard. Harald et vous étiez les deux âmes fondatrices
des lieux.
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